Aujourd’hui je suis très heureuse de vous présenter Catherine, professeur de yoga à Mouna Yoga.

Mouna yoga

J’ai rencontré Catherine lors de ma formation de prof de yoga à l’école Chotika avec Florent Leboucher.

Elle m’est tout de suite apparue comme une personne posée, douce et attentive. Pratiquante de yoga depuis de nombreuses années, Catherine possède une solide pratique personnelle. Après la formation, Catherine a sauté le pas  et a monté son propre studio de yoga au cœur de Toulouse.

Mouna YOGA

Entourée de professeurs talentueux (une mention spéciale pour Mathieu et Juan, deux autres participants de notre promotion de formation personnelle de yoga 😉 ), elle y propose entre autres des cours de hatha yoga, de yoga tibétain, de yoga de madras, de pilates ainsi que des séances de méditation. Le centre accueille aussi les jeunes mamans et leurs bébés pour du yoga pré et post-natal.

J’ai trouvé son parcours très inspirant et souhaité partager avec vous le chemin parcouru de yogini jusqu’à professeure de yoga. Son discours permet également de voir les réalités parfois cachées et idéalisée du métier de prof de yoga.

Voici donc l’interview avec Catherine :

  • Catherine, peux-tu décrire ton parcours de yogini ? Quand as-tu commencé le yoga et pourquoi ?

J’ai commencé à faire du yoga à 17 ans, l’année du bac (j’en ai 57, donc ça fait un moment !) avec ma mère, un peu par hasard. J’ai été tout de suite séduite par la saveur de l’immobilité et la découverte de mon souffle. Je suis d’un naturel très actif, je faisais beaucoup de voile, de montagne. La découverte du yoga a tout de suite été la découverte d’une autre façon d’être, d’un autre rapport au monde.

  • Quelles sont tes inspirations au quotidien pour pouvoir transmettre ta passion du yoga à tes élèves ?

J’ai besoin de nourrir ma pratique, pour rester dans une passion du yoga. Je continue à prendre un cours hebdomadaire, à suivre des stages, à lire beaucoup. Cet été par exemple, je vais suivre un stage de yoga et médiation avec André Rhiel, un grand monsieur du yoga que je me fais une joie de rencontrer. Je continue également à me former. Je termine une formation de yoga Nidra et souhaite commencer une formation de yoga thérapeutique. J’aime également aller en Inde, pour me nourrir de l’ambiance si différente de ce pays.

Parallèlement, je fais beaucoup de montagne, du ski de randonnée dans les Pyrénées principalement. Une véritable méditation en marche, pour commencer chaque semaine avec une énergie nouvelle.

DANSEUR

  • Quelle place dans ta vie tient ta pratique personnelle du Yoga ? Comment est-elle différente de ton enseignement ?

Je pratique quotidiennement, plus ou moins longtemps selon les cours que j’ai a donné dans la journée. Je fais peu de postures, privilégiant le pranayama et la médiation.

  • Peux-tu nous décrire ta pratique personnelle ?

Elle est chaque jour différente, en fonction de l’heure à laquelle je pratique et de mes besoins. Elle pourra être courte en début de journée, avec 10 cycles de Surya Namaskar et une courte médiation par exemple, ou plus longue, avec un souffle sur un gatika et une concentration. J’aime beaucoup par exemple, juste visualiser le trajet de mon souffle à l’intérieur de l’axe de la colonne vertébrale, utilisant le mantra ham-Sa.

  • Quel a été le déclic pour te lancer dans la formation ?

En 2000, je suis allée pour la première fois en Inde, avec mon prof de yoga de l’époque, Robert Cottet. Nous pratiquions 3h le matin, en commençant avant le lever du soleil, et 3h le soir. Le reste du temps, nous découvrions l’Inde. Trois expériences ont été extraordinairement marquantes : Bénarès (Varasani aujourd’hui) et son rapport à la mort, un lieu où l’on prend conscience que la vie est un espace entre la naissance et la mort. La rencontre avec Sundarananda, un grand maitre installé vers les sources du Gange et mon premier état de méditation, de connexion avec un grand tout. Nous étions sur un toit de maison, des bruits de klaxon tout autours, des sauterelles qui venaient se poser sur nous et tout d’un coup, une connexion.

inde

J’ai entamé une première formation de yoga traditionnel, sur 3 ans, dès mon retour en 2001. A cette époque, je ne pensais pas du tout enseigner, j’avais juste envie de découvrir de nouvelles choses, que ne pouvaient m’apporter les cours. Cette formation m’a permis entre autre, de m’initier à la philosophie indienne, aux textes fondateurs que sont les Upanishads, la Bhagavagita ou bien sûr, les yoga sutra de Patanjali, mais quelque chose manquait. En 2006, j’ai découvert le Natha yoga, comme un nouveau coup de foudre. Cette pratique, qui s’appuie sur le yoga tantrique, associe aux postures, des souffles, des mantras, des mudras, des drishitis. Une révolution pour moi, qui m’a ouvert les portes de nouveaux états de conscience.

inde

En tant que maman de 3 enfants, je sais ce que le yoga m’a apporté lors de mes grossesses. J’ai eu à cœur de transmettre également ce yoga très spécifique. Pour cela j’ai suivi une formation très orientée sur la physiologie de la femme enceinte, puis une seconde, dans la lignée Natha, privilégiant le travail sur le souffle. C’est un outil extraordinaire.

  • Quelles ont été les principales difficultés que tu as pu rencontrer au long de la formation et plus tard dans la montée de ton école ?

Lorsque j’ai suivi la formation, je travaillais beaucoup et nous avions 6 enfants à la maison. J’avais souvent du mal à trouver l’heure quotidienne de pratique nécessaire et j’avais toujours l’impression de courir après le train, même si mes années de pratique antérieures m’ont beaucoup aidées.

La création du centre Mouna Yoga a été un peu magique. C’est comme si l’Univers avait décidé de m’aider. Tout est arrivé tout seul : le lieu, petit mais préservé, une oasis en ville dont je rêvais, les profs qui sont tous super dans leur genre, et puis les élèves qui nous procurent des grandes joies.

mouna

Bien sûr, il y a aussi des choses moins agréables, gestion, compta …, mais heureusement mon passé professionnel me permet d’avancer dans ces domaines sans trop de difficultés. Je n’ai pas l’ambition de développer une structure énorme, ou de créer des évènements rassemblant des centaines de personnes. J’ai juste envie de proposer aux élèves qui nous font confiance, un moment où ils peuvent se poser, se retrouver, regagner énergie et liberté.

  • Qu’as-tu appris de ton enseignement auprès de tes élèves ?

C’est clair, on ne devient pas prof le jour de la remise de diplôme. J’avais suffisamment suivi de cours pour avoir le rythme d’un cours en moi et j’essaie de proposer chaque fois un cours correspondant à l’énergie du groupe. Ça ne fonctionne pas à 100% à chaque fois, mais quand je sens que ça marche, que l’énergie du groupe ne fait plus qu’une, invariablement, les élèves me disent « c’était vraiment super aujourd’hui ». C’est chaque fois une grande joie !

mouna yoga

J’ai également eu des retours très positifs d’élèves qui ne semblaient pas « impliqués », ceux qui bougent, regardent ailleurs ..J’ai pu ainsi toucher du doigt à quel point chacun prend et reçoit à son rythme.

  • Comment intègres-tu le yoga dans ta vie au quotidien ?

C’est facile, le yoga est ma vie quotidienne. J’ai la chance incroyable de pouvoir en vivre aujourd’hui grâce à la création du centre et nos grands enfants ont quittés la maison.

Je donne environ 8h de cours par semaine, j’ai ma pratique quotidienne, j’essaie d’être très présente auprès des autres profs et lors de l’accueil des élèves. La gestion du centre m’occupe également pas mal (communication, gestion, compta, ménage ..), le temps restant est consacré à ma formation personnelle.

  • Quelle est ta pose préférée et pourquoi ?

J’aime particulièrement Natarajâsana, la posture du danseur cosmique, pour sa beauté, son élan vers le haut, mais aussi Paschimotâsana, pour son intériorité, les possibilités d’y rester très longtemps.

Danseur

La posture du danseur

Pince

La posture de la pince

  • Quel conseil donnerais-tu à un débutant au yoga ?

De pratiquer, pratiquer, pratiquer, de préférence en cours au début. C’est la saveur de la pratique qui donnera envie d’aller plus loin et de découvrir toutes les richesses du yoga.

  • Et à quelqu’un qui souhaite développer sa pratique et se lancer dans une formation de professeur de yoga ?

Faire une formation de prof permet d’aller beaucoup plus loin de ce que l’on peut vivre en cours ou par soi-même. Le yoga est aussi une technique conduisant à une évolution personnelle profonde. Il faut se laisser du temps, pour que les changements adviennent. Je conseillerais donc des formations longues (3-4 ans), par rapport à des cycles courts plus intenses. Je pense qu’il est important de pratiquer d’abord un certain temps avec le prof qui proposera la formation, pour se sentir en accord et en confiance avec lui.

Le métier de prof de yoga est passionnant mais difficile. Il génère des revenus précaires. Pour pouvoir en vivre certains jeunes profs donnent jusqu’à 20 ou 25 heures de cours par semaine, ce qui à la longue est difficile pour le corps et risque de vider le cours de sa substance.

  • As-tu d’autres projets pour ton école de yoga ?

Bien sûr, tout plein. Tout d’abord, continuer à développer le yoga en direction des jeunes mamans. Nous proposons 3 cours hebdomadaires de yoga prénatal et un cours de postnatal. L’année prochaine, nous passons à 4 cours plus un cours de yoga maman-bébé. Nous allons également développer les séances de massage pour bébé et pour femme enceinte.

grossesse

A partir de la rentrée, une jeune prof, formée par le RYE, proposera des cours de yoga pour enfants.

Nous accueillerons une formatrice de yoga prénatal, Dominique Angeliaume, qui dès la rentrée proposera une formation complémentaire de yoga prénatal sur un an.

Je vais également proposer des ateliers spécifiques sur 2h en weekend, pour explorer un point en détail (déploiement du souffle, Découverte du périnée pour aller vers Mulhabandha …). Et, pour se reconnecter au rythme des saisons, je vais organiser dans le très beau lieu – la ferme de Combres – de Stéphanie, une prof et amie, un weekend par saison.

J’aimerai également, plus tard, pouvoir proposer des stages, peut-être même à l’étranger.

Merci beaucoup Catherine pour ta gentillesse et ta disponibilité ! Je te souhaite beaucoup de succès dans tes futurs projets et j’espère que ton parcours motivera plusieurs yogis à avancer dans leur pratique ou incitera d’autres personnes à découvrir le yoga !

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