Dans cette Lune des Amoureux, amusons-nous à faire les choses juste parce que cela nous plaît et nous mets le coeur en joie.
Je poursuis toujours avec délectation ma lecture du livre “Antifragile » de Nicholas Nassim Taleb.
Dans ce livre, afin de montrer le poids du hasard (et de l’utilité des valises à roulettes) sur la trajectoire de la civilisation, il est mentionné l’histoire de l’invention de la roue.
La Roue qui nous semble naturelle et qui est essentielle aux transports, à l’agriculture, à l’industrie, à la production d’énergie. La Roue qui a précédé aussi de nombreuses inventions majeures et modernes (moulin à eau; machine à vapeur; moteur à combustion; turbines; éoliennes etc.) qui ont bouleversé le cours de l’humanité.
Ce qui est amusant, c’est que la roue est une invention très ancienne : elle remonte à environ entre 4000 ans et 3500 ans avant JC, pourtant son utilisation dans ce qui nous semble aujourd’hui le plus banale : pour rouler, était loin d’être évidente !
Les pyramides égyptiennes n’ont pas été construites en utilisant des charriots à roues, mais en déplaçant les lourds blocs de pierre sur des rondins en bois.
Tout comme les temples incas ou les constructions des Mayas.
Les civilisations précolombiennes connaissaient elles aussi la roue, mais elle était reléguée au domaine des jouets.
Il est vrai que sans animal de trait, ce qui était le cas dans cette partie du monde à cette époque, son utilisation pour transporter des charges était très limitée.
En Afrique du Nord, elle fut brièvement utilisée pour les longs transports de marchandises, mais au III ème Siècle, on lui a préféré le dromadaire : moins cher d’entretien que des charriots à roues…
Ainsi la Roue est restée d’utilisation marginale ou seulement pour les jouets pendant un long moment….
Un autre exemple intéressant : celle des machines à vapeurs.
En effet, au 1er siècle avant, Héron d’Alexandrie mis au point l’Eolipyle : une sorte de turbine qui, grâce à la vapeur, pouvait tourner sur elle-même.
Selon le site :
Ce véritable engin à réaction aurait pu provoquer, en plein monde grec, le début d’une ère industrielle, plus d’un millénaire et demi avant l’heure. Il aurait suffi de relier tout cela à une courroie et à un arbre d’entraînement. De là, inventer le piston aurait été une formalité pour les esprits ingénieux des Grecs.
Mais cette invention est restée une exposition à montrer dans les salons pour amuser les galeries.
Pourtant, cela a de quoi donner le vertige d’imaginer la civilisation si nous avions connu l’usage des machines à vapeurs bien avant l’heure ! A quoi ressemblerait le monde maintenant ?
Ce qui me semble surtout intéressant dans cette histoire, c’est que parfois la trajectoire de la civilisation ne se joue qu’à un tour de roue près.
Que dans nos jouets, dans nos loisirs, dans nos passions… se cachent des trésors inestimables.
Alors, si parfois nous peinons pour voir les tenants et les aboutissants de certaines de nos inventions ou de nos réalisations, repensons à l’histoire de la Roue et de l’Eolipyle ! Dîtes vous que vous tenez en vos mains et avez dans vos cœurs des trésors enfouis. Nul ne peut prédire de quoi demain sera fait, alors chérissons nos jouets, amusons-nous à créer des choses insolites, à ouvrir des voies qui semblent incompréhensibles à d’autres… Nous sommes peut-être des millénaires en avance sur notre temps !