Je souhaitais vous présenter un outil formidable pour vous connecter à votre âme ou votre inconscient : l’écriture automatique.
J’ai récemment entamé une formation de praticien en hypnose. Après 3 jours de formation intense (nous sommes partis faire de l’hypnose de rue à Pau dès le premier après-midi !) et extrêmement intéressant, notre formateur nous a assigné un premier devoir : écrire une métaphore reprenant la structure des contes afin d’explorer une problématique. Nous avions champ libre sur la problématique et l’univers du conte.
Cela m’a forcée à écrire sur demande. Même si j’ai toujours aimé écrire, je me suis heurtée dans un premier temps au phénomène de la page blanche.
Et puis, je me suis laissée portée en mettant de côté une trop forte rationalisation, et j’ai pu goûter à ce moment un peu magique où les personnages en viennent à dicter leur propre histoire et où l’inspiration semble venir d’un autre endroit.
Le texte demandé était court et je l’ai rédigé sans forcément de visée thérapeutique, mais, cela m’a amené à me poser la question sur la provenance de l’inspiration dans l’écriture ?
C’est un peu comme dans nos rêves : toutes sortes d’histoires saugrenues se trament, des personnages hauts en couleur vivent les intrigues les plus passionnantes dans un monde fantasmagorique.
Et parfois, j’aimerais avoir accès à cet imaginaire aussi débordant qu’il ne l’est dans mes rêves afin de pouvoir écrire des livres dépeignant les univers oniriques que j’entrevois à travers mes paupières closes.
Une technique que j’utilise pour être plus créative et me connecter plus facilement à mes rêves afin d’en avoir un souvenir plus prégnant est de tenir un journal de mes rêves.
Mais j’ai souhaité aussi prendre le problème sous un angle différent : et si c’était mon inconscient qui me raconterait directement ses histoires et m’entrainerait dans son univers bigarré ?
Cette méthode n’est pas nouvelle : c’est ce qu’on appelle l’écriture automatique.
Qu’est-ce que l’écriture automatique ?
Dans nos rêves, c’est notre inconscient qui peut nous parler de façon plus audible ; en écriture automatique, nous allons nous mettre dans un état de transe, ou un état modifié de conscience pour avoir accès plus facilement à notre inconscient afin qu’il nous dicte ce qu’il souhaite nous communiquer via l’écriture.
L’inconscient est un puits d’information : il enregistre tout : les souvenirs d’odeurs, de paysage, de sensations, de goûts… depuis notre plus jeune âge. C’est là, dans celui de Proust que s’y trouvait l’odeur des madeleines chères à son enfance.
On comprend donc la mine d’or qui est en possession de tout écrivain en herbe.
Les écrivains et peintres du mouvement surréaliste l’avait également bien compris :
Nous entreprîmes de noircir du papier avec un louable mépris de ce qui pourrait s’ensuivre littérairement.
André Breton
Fort des nouvelles théories de Freud sur l’inconscient, ce mouvement des années 1920 s’intéressa beaucoup à l’hypnose et fit la part belle aux rêves et à la description d’un monde onirique.
Voici la définition de ce mouvement qu’en fait André Breton dans son Manifeste du Surréalisme, publié en 1924 :
Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie.
L’écriture automatique consiste donc à se placer dans un état de transe hypnotique (ou un état de relaxation intense) où nous allons notre main libre d’écrire ce qui lui est dicté sur le papier.
Selon nos croyances ou nos intentions, notre main peut être guidée par notre inconscient, notre soi-supérieur, une puissance divine ou même un esprit défunt.
Ces séances d’écriture automatique sont l’occasion d’interroger notre inconscient, de questionner un esprit, de demander la guidance d’un guide spirituel.
Pour ma part, je vois en cette pratique une excellente façon d’explorer son inconscient.
L’écriture est une pensée qui s’est cristallisée. En entrant en transe, nous avons un moyen de capturer les pensées fugaces difficiles à faire ressortir à la surface lors de séance d’écriture plus « structurée » où notre conscient est souvent là à juger les mérites de notre écriture.
Ici, pas de règles de grammaire ou d’orthographe, pas de jugement critique : notre inconscient est le seul maître à bord !
Dans un autre registre, l’inconscient qui dicte votre main peut aussi devenir une toute autre entité : un ange, un esprit défunt, une présence supérieure…
Le principe est de rester ouvert et d’accepter de devenir un médium pour l’écriture. Libre à vous d’y mettre ensuite vos propres croyances et d’incorporer vos propres rituels.
Ainsi, vous pouvez faire appel à votre guide spirituel, un ange ou une entité supérieure en laquelle vous croyez.
Caravage, dans son tableau, Saint Matthieu et l’Ange, a peint l’apôtre en train d’écrire son évangile, sa main guidée par un ange :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Matthieu_et_l%27Ange
Le spiritisme utilise aussi cette technique : on parle alors de spirographie. Allan Kardec a été un des premiers à utiliser ce terme dès 1861. Cela désigne le fait qu’un esprit communique avec un medium afin de communiquer par l’écriture depuis le monde de l’au-delà.
Enfin, pour faire la connexion avec le yoga et la tradition indienne, le célèbre psychique Edgar Cayce, écrivain très prolifique dans de nombreux domaines, se mettait dans un état d’auto-hypnose pour écrire ses ouvrages. Il révéla aussi des informations d’un passé lointain et des prédictions futures qui lui aurait été révélées en consultant les archives akashiques :
Bref, que ce soit pour trouver la réponse à certaines questions à l’aide de votre inconscient, écrire votre prochain roman ou faire une séance de spiritisme… Prenons une grande inspiration et laissons notre plume flotter sur le papier : les bénéfices et les usages des séances d’écriture automatiques sont nombreux.
Le déroulé d’une séance d’écriture automatique :
De façon un peu plus concrète, voici un déroulé de séance d’écriture automatique :
1. Préparer la séance
Déterminez votre objectif à atteindre lors de cette séance.
Une séance dure généralement une trentaine de minutes.
Pour commencer, formulez des questions demandant des réponses précises à votre inconscient et appelant une réponse écrite. Cela peut être :
- Qu’est ce qui me retient en arrière ?
- Comment me libérer de mes blocages ?
- Je veux avoir un éclaircissement sur tel sujet
- J’hésite entre 2 voies : quelle est la plus adaptée ?
Puis, installez-vous dans une pièce où vous ne serez pas dérangé pendant au moins une vingtaine de minutes.
Munissez-vous d’un stylo et de suffisamment de papiers. Installez-vous de façon confortable, idéalement, de façon à avoir le dos bien soutenu et le bras de votre main dominante dans une position lui permettant de pouvoir, à la fois, être suffisamment souple et décontractée tout en tenant fermement le stylo.
Posez aussi les fusibles de la séance : demandez à votre inconscient que la séance soit agréable et joyeuse en omettant tout souvenir trop douloureux ou désagréable qui pourrait, à ce moment de votre parcours, être trop difficile à gérer pour vous.
Dans un premier temps, placez votre main de façon à ce que le stylo ne touche pas le papier, au-dessus du coin gauche de la feuille.
2. Se mettre dans un état de transe hypnotique
Ensuite, nous allons nous attacher à créer un état de relaxation profond afin que le conscient s’efface suffisamment pour qu’une autre entité prenne le contrôle de notre main.
Vous pouvez vous mettre dans cet état en imaginant une vague de relaxation venant détendre progressivement chaque partie de votre corps en instaurant un sentiment de lourdeur, de chaleur et de bien-être.
Imaginez ensuite un escalier de 20 marches et à chaque marche descendue, vous vous sentez deux fois plus détendu et entrez de plus profondément à l’intérieur de vous-même.
A tout moment, lorsque vous serez prêt ou que vous le souhaiterez, fermez les yeux afin de plonger un peu plus profondément à l’intérieur de vous-même.
Imaginez ensuite que votre tête couronnée d’une magnifique fleur de lotus qui s’ouvre à l’énergie de l’univers.
Imaginez une colonne de lumière blanche descendant de l’univers et pénétrant par le cœur de la fleur de lotus et parcourir toute votre colonne vertébrale et s’échappant par vos pieds, par lesquels des racines s’échappent et vous connectent à la terre nourricière.
Le stylo est toujours en lévitation au-dessus de la feuille. Demandez à votre inconscient de vous faire savoir lorsqu’il sera prêt à entrer en transe profonde en faisant toucher le crayon et le papier.
J’aime imaginer le papier comme un tourne-disque dont la mine du crayon serait la pointe de diamant lisant le disque.
Lorsque le stylo touche le papier, vous êtes dans un état de transe hypnotique et la séance d’écriture automatique peut commencer.
3. Commencer par un petit échauffement, puis laisser sa main tenir les rênes
Une fois l’état de transe hypnotique atteint, nous allons réveiller notre bras en demandant à l’inconscient de se mouvoir dans la main tenant le stylo. La main est libre de notre conscient et peut devenir indépendant de nos projections, attentes ou jugements.
Cette fois-ci demandez à votre inconscient d’alléger votre main en la maintenant légère et souple afin qu’elle puisse être guidée dans la formation des mots.
Vous pouvez commencer par laisser votre main se balader sur le papier en dessinant des cercles ou des formes géométriques, simplement pour laisser s’infuser l’idée du mouvement de l’écriture.
Puis, peu à peu, laissez se former des mots. Tout cela se fait de façon non réfléchie. Ne soyez pas pressé.
Souvent, il se passe un moment où je ne semble pouvoir faire uniquement des cercles ou des vaguelettes, puis, des mots sans queue-ni-tête apparaissent dans mon esprit et se retranscrivent sur le papier, enfin, souvent par déferlante, ce sont des vagues de phrases qui viennent s’échouer sur le papier comme propulsée par une manifestation extérieure à ma pensée comme la marée régit le mouvement des mers.
Laissez les choses se faire à leur propre rythme. Essayez de tenir le conscient le plus éloigné possible, bien enfoui à l’intérieur de vous : il refera surface suffisamment tôt.
Essayer de trouver et de savourer ce basculement où vous aurez l’étrange sensation que l’écriture vient « d’ailleurs ».
Certaines séances, surtout au début, ne seront pas trop prolifiques. Persévérez et voyez en ces séances un très bon moyen de vous détendre et d’apprentissage de l’auto-hypnose.
4. Relire et interpréter ses écrits
Une fois que vous avez le sentiment d’avoir écrit ce que vous aviez à écrire, remerciez votre inconscient et sortez progressivement et tranquillement de cet état d’hypnose.
Vous pouvez relire ce que vous avez griffonné et réfléchir à cette discussion avec votre inconscient.
Parfois, l’interprétation ou la relecture n’est pas immédiate.
Dans ces cas-là, vous pouvez revenir sur cette session lors d’une séance ultérieure en demandant une guidance plus spécifique, ou simplement laissez passez la nuit ou quelques jours pour relire ce que vous avez écrit. Parfois, tout devient alors plus limpide.
Bonne écriture !