Continuons l’histoire de la quête de Pauline, Max et Jo pour retrouver le 7ème lotus.
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Chapitre 6 : Petit tour au jardin
Marguerite n’avait pas exagéré en vantant les mérites de la grand-mère jardinière : des poireaux poussaient en rang d’oignons à côté de bataillons de haricots ou de petits pois.
A chaque rangée, des capucines, des œillets, des cosmos attiraient l’œil et les abeilles.
Des roses trémières ajoutaient leur touche de couleur au muret du fond du jardin où des poiriers palissés courbaient sous le poids de leurs fruits.
Dans un coin, des clapiers habités par quelques lapins de garenne qui regardaient avec envie pousser carotte et laitues. Ils disposaient d’un petit carré d’herbes pour se dégourdir les pattes.
« Je crois que j’ai trouvé des témoins à interroger. »
Pauline sortit du sac la carte correspondant à la posture du Lapin.
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- Bonjour, les lapins. Tenez quelques carottes pour vous ! dit Joséphine en leur tendant quelques légumes qui avaient justement été mis de côté à cet effet. Nous voudrions vous posez quelques questions, si vous voulez bien.
- Allez-y ! Les enfants, nous sommes disposés à vous écouter, mais permettez que nous croquons ces quelques carottes en même temps.
- Nous recherchons une fleur de lotus rouge. Marguerite, la vache de Pierre, nous a dit que c’était Mamiche qui lui fournissait des pétales.
- Pfff, pfff, oui. C’est la grande affaire de Mamiche en ce moment. Elle était tellement préoccupée par cette fleur qu’elle en oubliait de soigner nos carottes, radis et salades. Nous étions bien nourris : elle est si douée pour le jardinage que les carottes avaient la taille de courgettes, les radis roses étaient aussi gros de carottes et les salades avaient tellement de feuilles que Jeannot, du clapier du fond, pouvait s’en garder quelques-unes pour nous écrire des contes quand le potager était désert et que la nuit se levait. Maintenant, ses légumes n’ont plus rien d’exceptionnel…
- Et que fait-elle avec cette fleur ?
- Elle en a récupéré un pétale et en fait des boutures. Vous savez qu’elle ferait pousser n’importe quelle fleur à partir d’un centimètre de tige. Mais là, la chose était visiblement plus compliquée.
Elle a mis des semaines avant d’avoir un petit espoir quant au succès de ces boutures. Elle a essayé des tas de techniques : le bouturage à l’étouffée, à l’eau, en pleine terre, en pot… Merlin, 3ème clapier à droite, a même eu droit à avoir un tout petit morceau de pétale planté dans son oreille pour voir si cette fleur appréciait du terreau au miel d’oreille de lapin !
Là, elle a mis au point sa technique et a réussi à produire quelques plants, même s’ils sont encore très jeunes.
Ce qui la contrarie le plus, c’est qu’elles doutent qu’ils aient un jour la splendeur de la plante-mère. S’ils arrivent à pousser d’ailleurs : la chose est encore bien précaire !
Mais jugez par vous-même ! Allez voir derrière les courgettes et les capucines !
Les trois enfants passèrent l’allée des courgettes et derrière un rideau de capucines et de pois de senteur : tout un petit carré était destiné aux pousses de boutures.
Dans cette pouponnière de plante, des bouteilles de plastique découpées tenaient lieu de couveuses à petits plants séparés un peu trop tôt de leur maman.
Même si aucune fleur n’avait encore éclos, on pouvait deviner ce qui semblait être des prémices de boutons de fleur de lotus.
Les enfants récupérèrent une petite plante dans la terre.
Venez rentrons, je crois que c’est tout ce qu’on peut récupérer ici. On peut toujours montrer cela à Hélioga, voir si cela lui suffit, même si j’ai peur que la plante soit encore bien fragile.
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Chapitre 7 : le fin mot de l'histoire
Ils se dirigèrent vers la maison. La porte d’entrée donnait directement sur la cuisine.
Mais, ils virent par la vitre que Caroline était retournée à ses fourneaux et était occupée à remuer sa confiture.
Cela allait être difficile de rentrer sans se faire repérer.
Heureusement que Gribouille, le chat, vint se frotter aux jambes de Caroline.
- Tiens te voilà toi !
- Miaou, Miaou !
- Tu dois venir me demander des croquettes, allez viens je vais t’en chercher.
Caroline sortit de la pièce et se dirigea vers la réserve de nourriture pour les animaux.
Une bonne diversion. Les enfants en profitèrent pour rentrer et grimper dans les escaliers.
Au milieu de l’escalier, Jo interpella son frère et sa sœur en chuchotant :
« Dîtes, regardez par-dessus la rambarde : vous ne trouvez pas que la confiture a une couleur particulièrement brillante pour de la confiture à la fraise.
Et regardez à l’intérieur de la marmite, on a l’impression qu’il y a des pétales de fleurs rouge qui flotte dans la confiture. »
En effet, près de quelques gousses de vanille cuisaient à feu doux ce qui ressemblait fortement à des pétales que Géraldine avait peints dans son tableau.
- « Oui, tu as raison !!»
- Qui êtes-vous ? Que faîtes-vous dans l’escalier ? »
Caroline venait de retourner dans la pièce malgré les efforts de Gribouille qui lui trainait toujours dans les jambes.
Euh, nous sommes des amis d’Hélioga, nous cherchons la fleur de Muladhara.
A ses mots, Caroline devint aussi rouge que la confiture cramoisie qui mijotait dans sa marmite.
Ah, venez, descendez, nous serons plus à l’aise pour discuter, soupira la mère de famille
Caroline les invita à prendre place autour de la table de la cuisine.
- Comme ça vous connaissez Hélioga ?
Pauline répondit par l’affirmative et relata l’ensemble de faits qui les avaient mené à chercher la fleur de lotus et à se retrouver dans cette ferme, assis à cette table.
Caroline prit la parole :
Bon laissez-moi tout vous expliquer :
J’ai été initiée au yoga dans ma jeunesse. C’était encore complètement nouveau en France. A l’époque, je me suis retrouvée avec d’autres amis, dans les plateaux du Larzac. Nous vivions frugalement au jour le jour mais nous étions heureux, c’est là que j’ai fait la connaissance de Pierre.
Puis, peu à peu, chacun a suivi sa voie, certains sont devenus instituteurs, d’autres ont émigré dans d’autres pays. Nous, nous sommes devenus agriculteurs. Nous avions toujours aimé la nature et aimions les plantes et les animaux.
Nous voulions une petite ferme et produire de quoi vivre et vendre le surplus au marché du village. Avec Pierre, nous nous sommes installés dans le Béarn où vivaient les parents de Pierre.
Mais, peu à peu, l’agriculture a complètement évolué. Les fermes sont devenues de plus en plus grandes. Les petites structures ont mis la clé sous la porte les unes après les autres ou alors elles se sont fait avalées par les grosses fermes de milliers d’hectares.
Nous sommes entrés dans un engrenage où nous n’avons pas eu d’autres choix que de grossir nous aussi si nous voulions rester agriculteurs, surtout qu’avec la naissance de Géraldine et de Charlène, il fallait que l’argent rentre.
Tout allait bien, nous avions fini par trouver notre équilibre, quand il y a environ cinq ans, les cours du lait ont commencé à chuter.
Nous avons vécu sur nos acquis un moment mais la situation financière devenait de plus en plus difficile. J’en ai profité pour vendre mes confitures au marché. Ça dégageait un peu de revenu pour garder la tête hors de l’eau un moment.
Mais la situation a continué à empirer.
J’avais peur de ne pas pouvoir financer les études ou les loisirs de mes filles.
Cela commençait à nuire à ma santé, j’avais des crises d’angoisses, le ventre noué en permanence, je maigrissais de jour en jour. Pierre et mamiche commençait à s’inquiéter.
Au cours d’une marche, je me suis souvenue du bien-être que j’éprouvais lors de mes séances de yoga et de mes méditations.
Alors, je m’y suis remis à pratiquer à nouveau.
Cela m’a beaucoup aidée pour traverser cette passe difficile.
J’ai décidé aussi de mettre en place une petite séance de méditation pour toute la famille.
Tous les soirs, nous faisons une séquence de relaxation d’une dizaine de minutes avec les filles, Pierre et Mamiche.
Bon, ce n’est pas toujours un succès, mais au moins, cela a le mérite de réunir toute la famille.
C’est à ce moment que je me suis souvenue de mes premiers enseignements de yoga et que j’ai décidé de centrer ma méditation sur le premier Chakra.
Après tout, les filles sont grandes maintenant et Pierre, mamiche et moi n’avons pas beaucoup de besoin.
Je voulais seulement avoir un peu plus confiance dans l’avenir.
Lors de la méditation où Hélioga est venu, j’ai d’abord cru que c’était une vision due à un état de transe. Cela m’arrivait de temps en temps dans le Larzac.
J’ai vu la fleur de lotus et j’ai été attirée par elle de façon irrépressible. A un moment où tout le monde avait les yeux fermés, j’en ai profité pour me lever et la ramasser. Dans un premier temps, je voulais juste la regarder. Mais Géraldine qui avait fermé les yeux, les a rouverts pour attraper ses crayons. Elle avait commencé à la dessiner puis avait fait une petite pause.
Quand elle a ouvert les yeux, je l’ai vite cachée derrière mon dos.
Puis, tout s’est passé très vite, Mamiche est elle aussi sortie de méditation. Je n’ai pas osé me lever pour la remettre au milieu du cercle.
Puis on a entendu comme un gong d’un bol tibétain et Hélioga s’est évaporé d’un coup.
A la fin de la session, je me suis vite éclipsée pour la cacher dans un placard.
- Personne ne vous a vue ?
- Non, non. Je l’ai mise un temps dans la cuisine. Et elle sentait tellement bon et elle dégageait un parfum fruité et très gourmand. J’ai voulu la tester dans mes confitures et mes pâtisseries. Et ça a été un véritable succès.
Je prenais un tout petit morceau de pétale, je le broyais et j’en saupoudrais mes gelées de framboise, mes confitures de fraises, mes tartes aux myrtilles, mes gâteaux… Ça avait un goût fabuleux !!
Mes confections au marché se vendaient comme des petits pains. J’ai augmenté ma production et je commence à rentrer une somme d’argent coquette.
Par contre, sur les quatre pétales de fleurs, j’en ai déjà utilisées deux. Là, je suis en train d’essayer de pour trouver des ingrédients pour compenser : des mixtures de piments, de poivrons rouges, de groseille et de baies rouges. Je m’en approche mais ce n’est pas encore ça. Je ne désespère pas de trouver une solution pourtant.
Regardez, voici la fleur.
Caroline se leva et sortit d’entre deux piles de casseroles une magnifique fleur rouge d’une couleur si intense qu’on aurait dit qu’elle était en fusion et recrachait de la lave en feu.
La fleur était toujours d’une couleur aussi belle !
Mais il lui manquait deux pétales.
- Et toi, tu Gribouille, tu savais tout ça depuis le début ?
- Oui, je sentais Caroline inquiète, elle parlait même de réduire mes portions… Depuis, mes repas se sont largement améliorés. J’ai maintenant le droit aux pâtés, poissons… Je ne voulais pas que vous le découvriez et que vous laissiez Caroline continuer ces mixtures tranquillement.
Pauline enchaîna la conversation en demandant à Caroline :
- Mais, et votre belle-mère ? Elle ne vous donnait pas quelques-unes de ses boutures ?
- Non, Mamiche n’était pas au courant de tout ça… J’ai seulement dit à tout le monde que je rencontrais un grand succès avec mes confitures, ce qui nous avait apporté une coquette somme d’argent. Mais je n’ai dit à personne, même pas à Pierre, d’où cela provenait. Personne ne m’aurait crue !
- Regardez pourtant ce qui pousse dans son jardin.
Pauline montra à Caroline la petite fleur de lotus qu’ils avaient récupéré
- C’est superbe, on dirait un petit plant de fleur de lotus ! Où avez-vous récupéré ça ?
- Dans le potager de mamiche.
- Tiens donc ! Cela me surprend de mamiche ! Bon, attendons un peu. Mamiche ne va pas tarder à rentrer, elle vient toujours me voir un peu avant le repas pour me livrer les légumes du jour qu’elle a récoltés dans son potager. En attendant laissez-moi vous servir un bout de pudding à la Caroline ! Il y a mon ingrédient de remplacement.
Un goût fruité et acidulé explosa dans la bouche des enfants.
- Vous aimez ?
- Oui !! C’est délicieux
Les enfants se délectèrent du gâteau. Ils en savouraient encore quelques morceaux quand mamiche fit son entrée, un panier rempli de légumes et de fruits à son bras.
- Mais nous avons des invités ! Il fallait me le dire plutôt Caroline ! J’aurais ramassé plus de fraises !
- Viens, assieds-toi, mamiche. Nous avons quelques questions à te poser.
- Tu pourrais nous expliquer ceci ?
- Mon bébé fleur de lotus ! s’exclama Mamiche. Bon il est encore tout petit, mais j’ai l’impression qu’il a quand même pu faire des racines.
- Mais pourquoi as-tu cultivé cela ?
- Avec Pierre, nous voulions t’aider. Nous te sentions très préoccupé par les finances et te voyions maigrir à vue d’œil, cela nous inquiétait beaucoup.
Lorsque nous avons fait la séance de méditation. Pierre s’est souvenu du pouvoir de la fleur de lotus rouge pour se sentir plus confiant. Il a demandé de l’aide à un esprit supérieur pour qu’on soit à l’abri du besoin et a reçu la vision de cette fleur. La nuit, il s’est vu en rêve nourrir ses vaches de cette fleur qui avait le pouvoir de donner au lait un goût à tomber par terre.
Le lendemain, il m’a apporté un tout petit morceau de cette plante sans me dire d’où elle provenait et m’a demandé d’en faire des boutures. Je suis toujours partante pour un défi de jardinage donc un coup de sécateur, un peu d’hormone de bouturage, et hop ! C’était parti : quelques semaines plus tard, les premières boutures étaient prêtes !
C’est alors qu’il m’a raconté son plan pour les plants. Il m’a dit qu’il avait coupé un bout de fleur pendant la méditation que nous avions faite ensemble. Il a d’ailleurs été très étonné de pouvoir la toucher en feuille et en tige si je peux me permettre la comparaison, dit mamiche d’un air malicieux.
- Et ça a marché ?
- Oui ! Étonnamment bien d’ailleurs ! Je n’en croyais ni mes yeux ni mes papilles ! Pierre saupoudrait le repas du soir de Marguerite, sa vache, tous les soirs avec un peu de plante broyée. Cela a augmenté sa production de lait, et surtout le lait a un goût vraiment délicieux. Il l’a fait goûter à Monsieur Jean, le patron de la laiterie d’à-côté qui a tout de suite été séduit. Ils ont signé un contrat qui a fait rentrer une bonne somme d’argent ! Pierre a mis cette somme sur un livret pour les études de Géraldine et Charlène. Elles pourront faire l’école qu’elles souhaiteront avec cet argent.
- Écoutez, j’ai vraiment honte de ce que j’ai fait. J’ai été égoïste et je n’ai pensé qu’à moi et ma famille. Mais je me rends compte que je suis bien chanceuse d’être dans cette ferme entourée de mes filles, mon mari et ma belle-mère. Certainement, d’autres personnes ont bien plus besoin de cette fleur que nous. J’espère que nous trouverons ensemble un moyen de réparer nos bêtises, enchaîna Caroline
- Mais que racontes-tu, Caroline ? demanda la grand-mère
- Ces enfants viennent sont à la recherche de cette fleur de lotus. Elle appartient à un maître de yogi qui s’en sert pour aider les gens à aligner leur Chakras et ainsi permettre à ceux qui en ont besoin d’obtenir les pouvoir liés à cette fleur de lotus. Maintenant, qu’elle n’est plus en sa possession, il ne peut plus se déplacer et aider les gens qui en ont réellement besoin. En avoir coupé un petit morceau n’est pas trop grave, mais regarde-moi ce que j’ai fait : je l’ai dérobée et je lui ai déjà enlevé deux pétales. Je les utilisais pour préparer mes confitures. Je regrette maintenant.
- Écoute, cela ne sert à rien de pleurnicher. Je suis sûre que le maître yogi pourra faire quelque chose si tu lui rends la fleur. Et attendez les enfants, laissez-moi allez jusqu’au jardin.
Quelques instants plus tard, mamiche revint avec une plante de fleur de lotus dont un bourgeon semblait poindre.
- Tenez ! Je pense que la fleur devrait éclore complètement très bientôt ! C’est le seul plant qui a réussi à faire une fleur. Attention par contre, il est plein de poils de lapin ! Avec Pierre, nous avons réuni suffisamment d’argent pour les études des filles, ce qui était le plus important. Et puis, je me suis aperçu que le meilleur était dans les radicelles des bébés plants. Je vais donc continue mes boutures, tant pis si elles ne sont pas très belles ! Et puis mes lapins préfèrent les carottes et les salades de toute façon ! Et moi aussi à vrai dire ! Quant à toi Caroline, tu es fine cuisinière. Je suis sûre que tes confitures auront toujours autant de succès. D’ailleurs, tu devrais aussi te lancer dans la vente de tes pâtisseries, utilise donc un peu de lait de Marguerite !
- Oui, tu as raison, mamiche. J’ai le projet de me lancer dans la pâtisserie si nous avons des difficultés avec la ferme. C’est ma grande passion dans tous les cas ! Je verrai bien où cela nous mène.
- Allez, ce n’est pas tout ça, mais il faut que nous préparions le dîner ! Pierre et les filles ne vont pas tarder. Vous partagez le repas avec nous les enfants ?
- Non non, dit Pauline en regardant la lune monter dans le ciel. Nous sommes déjà restés longtemps ici, nos parents vont s’inquiéter.
Les enfants s’éclipsèrent et exécutèrent la Salutation à la Lune dans le jardin.
Dans leur tête, à nouveau le son d’un gong tibétain résonna.
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