Pour la première année, j’aborde l’enseignement des 13 Mères Originelles. 

J’ai le livre depuis quelques temps mais je n’avais jamais vraiment marché avec les Gardiennes. Je lisais parfois le conte lors de la Nouvelle Lune mais aussitôt lu, il semblait aussitôt s’envoler. Comme trop volatile, insaisissable, fantomatique… sans vraiment laisser d’empreintes tangibles dans mon esprit.  

Cette fois, depuis le mois de Janvier, j’ai la chance et le plaisir de m’être engagée aux côtés de D’Elfe et d’autres chères sœurs de Lune avec qui nous échangeons à la Pleine Lune sur nos ressentis du conte de la Gardienne du mois. Dans ce cercle, les enseignements des Mères de Clan se font plus concrets et l’écoute plus attentive.  

Cependant, lors de ce mois de mai, l’écoute du cinquième conte a été plutôt laborieuse..

Quelque chose qui me dérangeait, qui me semblait obscur.

Je n’arrivais pas à comprendre le message, il me semblait peut-être trop hors de portée, ou au contraire, trop simple presque caricatural.  

Et curieusement, comme à chaque Lune, des petits signes sont apparus pour faire écho à cette histoire de sagesse indiennes de ces manifestations humaines, créées par Terre Mère et Grand-Mère Lune. 

 

Alors, j’ai eu envie de poser tout cela par écrit. Pour tenter de découper par le crayon le brouillard que ce conte avait laissé lors de ma première écoute.

La cinquième Gardienne est – justement – Celle qui Écoute. Elle est ainsi présentée dans le livre de Jamie Sams : 

Cette Mère de Clan nous apprend à rentrer dans le Silence et à écouter les messages toujours présents de la nature, à écouter nos cœurs, le Monde de l’Esprit, les points de vue des autres humains, les Animaux qui nous enseignent, ainsi que le Grand Mystère.

Cette Gardienne m’a intriguée… et m’a incitée à tendre l’oreille pour écouter.

De la difficulté de “S’écouter”

S’il y a toute une réflexion sur l’écoute de l’Autre et du respect des différents points de vue, une des leçons que j’ai entendue dans ce conte et celle qui m’a fait le plus réfléchir est sur l’écoute de son Orenda. 

Selon Wikipédia : 

L’Orenda est le nom iroquois d’une certaine énergie spirituelle inhérente aux personnes et à leur environnement. Il s’agit d’un  » pouvoir invisible extraordinaire que les Amérindiens iroquois croyaient imprégner à des degrés divers dans tous les objets naturels animés et inanimés comme une énergie spirituelle transmissible capable de s’exercer selon la volonté de son possesseur « 

La 5ème Gardienne, en prenant sa forme de femme dans une grotte noire apprend à se servir de ses sens. Elle découvre ainsi son corps, ses contours, ses sensations. Elle découvre ce qu’est la faim et la soif.

Au tout début du conte, il est joliment narré la première fois qu’elle croque dans une carotte. Le croc de la carotte qui résonne dans sa mâchoire. 

Elle sait s’arrêter lorsqu’elle n’a plus faim, guidée par la Protectrice du Discernement.

Dans la suite du conte, guidée par Vieil Homme, cette Mère de Clan sort de sa caverne originelle et apprend à écouter au-delà des mots.

Mais peu importaient la beauté et la nécessité des messages de l’histoire, c’est cette Protectrice du Discernement – à peine évoquée dans le chapitre – que j’aurais aimé rencontrer.

Un peu partout on nous dispense le conseil de “nous écouter”.

Il suffit d’écouter notre voix intérieure et le bonheur sera à notre portée.

Tout est simple, suis ce que ton cœur te dicte. 

Derrière tous ces conseils, se trouve en filigrane une quasi-injonction d’être unique et vrai. D’être aligné. Corps, cœur et esprit.

Pourtant que de contradictions à l’intérieur de moi…

Quand je tends l’oreille, l’écoute de mes pensées intérieures ne se manifestent pas par un monologue où une voix intérieure, claire et limpide, me dirait disctinctement la direction à suivre.

Cette voix intérieure, elle me semble si multiple.

Comment saurais-je reconnaître la juste tonalité ?

Et puis, ma voix intérieure ne me mènerait-elle pas à la voie de la facilité plutôt qu’à la voie de la justesse ?

A croquer dans un autre morceau de carotte, non pas par faim, mais par gourmandise ? 

A rester me reposer dans la caverne plutôt qu’à prendre le risque de m’exposer à la lumière ?

Plus j’avançais dans ma réflexion, plus je doutais de la manifestation de cette Protectrice du Discernement.

Et pourtant, plus j’avais envie de faire ce chemin. Prendre un sonographe et étudier ces voix en moi. Pour peut-être distinguer ma voix intérieure dans cette cacophonie. 

Tout au long de mon existence, j’ai dressé des barrières. Comme des garde-fous pour ne pas tomber.

Sans doute au départ pour plaire à mes parents, à mes professeurs. En travaillant bien à l’école. En étant sage et disciplinée. En suivant les autres, en ne faisant pas de vagues. 

Mais même plus tard, lorsque j’ai osé me défaire de toutes ces attentes que les autres avaient de moi, ces digues ont toujours été dressées. 

Je me suis créé un moule dans la glaise de disciplines à respecter, de principes à suivre, de codes à honorer.

Peut-être pour ne pas trop “m’écouter”. Pas forcément dans un déni de moi-même. Par soucis de plaire ou de me conformer à certaines normes. 

Mais juste pour aller plus loin, pour tester mes limites… Peut-être pour voir ce que j’avais en moi. 

Il y a une voix, à l’intérieur, qui me pousse à rechercher l’inconfort.

C’est elle qui me dit de me lever à 5 heures pour écrire. C’est elle, qui me pousse à ouvrir uniquement le robinet d’eau froide de la douche du matin. C’est elle, qui me fait lacer mes chaussures de sport.

Cette voix, je n’ai pas envie de la taire. 

Car si elle est parfois dure et intransigeante, elle m’encourage et me tire vers le haut. Comme la voix d’un père qui voudrait le meilleur pour son enfant. Qui sait que la liberté réside aussi dans la discipline. Que céder au plaisir immédiat 

Je me souviens dans un podcast entre Tim Ferriss et Brenée Brown, il est discuté de la frontière entre le fait d’embrasser l’imperfection et le fait de faire tout son possible pour s’améliorer.

Une frontière entre deux pays, celui de l’acceptation de Soi, là où on est, et celui de l’envie d’aller plus loin. 

Et c’est cette zone blanche vers laquelle j’ai envie de partir à la recherche.

Sans complaisance ni pénitence mais avec bienveillance et visée de l’excellence. 

Vous m’accompagnez dans ce voyage vers ce pays ?

Les Femmes en Soi

 

Lors de mon podcast avec Claire Jozan-Meisel, Claire a repris la définition de la spiritualité par Deepak Choprah comme étant le chemin de l’auto-connaissance.

Elle évoquait aussi le fait que la première des sororités est la sororité entre les femmes à l’intérieur de soi. 

Cette vision m’a plu ! Elle m’a même… parlé ! 

Je me suis alors autorisée à penser que ma voix intérieure était peut-être accordée à différents diapasons. 

Ou même cette Voix était multiple :

Peut-être cette voix intérieure, serait-elle :

  • la voix de l’Ancienne ?
  • la voix de la Mère
  • la voix de la Guerrière ? 
  • la voix de la Guérisseuse ? 
  • la Voix de la Jeune Fille ?

ou bien encore la Voix d’une des Mères de Clan, la voix de femmes que j’admire, la voix des femmes que j’ai été, la voix de ma filles, la voix de mes amies… ?

Serait-ce la voix de la Majorité ou bien la gardienne du Discernement saurait-elle accorder la juste place au bon moment à celle qui doit s’exprimer ? 

 

Je me souviens d’un exercice réalisé en auto-hypnose dans le cadre du programme Psychonaute

Cela consistait à établir un conseil de ces mentors. Dans une cérémonie orchestrée par notre imagination, se réunissaient des personnes qui avaient cette vocation de nous guider et de nous épauler : une grand-mère, un ami, un écrivain d’un siècle passé, un philosophe du début de notre ère, une artiste contemporaine, une déesse mythique ou un Archétype incarné … Personne que nous connaissons, qui ont partagé un temps notre chemin de vie ou être rêvé et fantasmé… ces êtres tenaient conseil dans ce moment hors du temps pour nous conseiller et nous guider.

Alors, je me suis amusée, en auto-hypnose, à créer ce conseil de Femmes en Moi.  

Petit à petit, j’ai envie de l’étoffer, de le rendre plus proche, plus vivant, plus présent…

Mais là encore, autour de ce feu où je les aime s’imaginer se réunir, l’harmonie d’esprit entre ces personnages disparates serait-elle présente ?

Je me suis souvenue d’une discussion avec une amie (qui est, elle aussi dans ce conseil de mes mentors) et de ce podcast avec Claire Jozan-Meisel sur la richesse des leçons apprises par l’expérience.

Dans les sociétés ancestrales amérindiennes, la seule hiérarchie qui prévaut est celle de l’âge.

Alors, celle qui préside est devenue, une femme mature,  une sorte de Moi du futur, constituée de toutes les personnes que j’admire et d’une projection idéalisée d’une version de moi-même.

La sagesse du corps

Et puis, bien sûr, il y a les messages du corps. 

Qui sait dire la vérité, sans la filtrer. De façon parfois violente ou mystérieuse. 

Comme émetteur d’une sagesse à la fois millénaire des vies passées de l’humanité et instantanée de mon expérience personnelle du moment.

Avec le recul, je me rends souvent compte que j’ai plutôt utilisé mon corps, non pas comme émetteur mais comme récepteur. 

Mon corps était comme un fusible qui me protégeait lorsque le courant émotionnel était trop fort. 

A des périodes de ma vie plutôt mouvementées, mon corps m’ancrait.

Il me servait à transmuter tous les tourbillons émotionnels en une manifestation physique palpable, réelle.

Moins effrayante, moins douloureuse. Plus évidente, plus familière.

Peut-être que cela a été une phase nécessaire à la construction de qui je suis.

Peut-être que je manquais d’outils pour m’exprimer autrement…

Jim Dethmer parle de la nécessité de devenir lettré émotionnellement. C’est-à-dire de pouvoir déceler ce que l’on ressent à tout moment et d’être capable d’y apposer un nom.

Puis une fois que le vocabulaire des émotions s’est étoffé, il suggère d’y associer leurs énergies, via des sensations dans votre corps : des papillons dans le ventre pour le stress, la sensation de légèreté dans la poitrine pour la joie, les mains qui deviennent chaudes pour la colère… (un livre conseillé à ce sujet : My Stroke of Insight de Jill Bolte)

Selon Jim Dethmer, la plupart des émotions durent moins de 90 secondes. Si ces émotions ne sont pas alimentées par d’autres pensées, l’énergie sortira de votre corps en moins de 90 secondes.

Me construire ce dictionnaire des émotions a été plutôt laborieux et plutôt chaotique.

Aujourd’hui, j’ai appris à mieux gérer mes émotions grâce au yoga, à la méditation, à l’écriture…

J’ai renversé le schéma de communication à l’envers : c’est mon corps aujourd’hui qui devient l’émetteur des messages de mes émotions.

 

J’ai aussi su poser des micro-disjoncteurs sur mon circuit émotionnel : des petites activités qui me permettent de couper avant que tout explose : une promenade avec la chienne, quelques respirations, un câlin avec les enfants, des pas de danse sur une musique que j’aime, aller marcher pieds nus dans le calme… Des choses toutes simples, que je peux faire facilement et fréquemment, dès que je sens que des pensées tournent en court-circuit et alimentent en flux nerveux des émotions trop vives. 

Là encore, l’auto-hypnose peut s’avérer très utile. 

Un exercice intéressant que j’ai découvert dans le cursus du programme Psychonaute est le suivant : s’interroger sur l’endroit où se trouve le centre de soi. 

Pour savoir “qui parle quand je dis “je” ?”. Concrètement, physiquement. ça vient d’où quand je m’affirme : est-ce que je parle avec mon coeur, mon ventre (mes tripes), ma tête… ?

Dans le conte, la Cinquième Mère de Clan place son centre dans son nombril : 

La moindre sensation d’un avertissement, qui lui venait de son nombril, le centre de son corps qui ressentait les choses, lui envoyait comme des ondes de choc dans son sentiment de bien-être et cela lui permettait de discerner à qui faire confiance et de qui se méfier.

Mais peu importe où il se trouve… A chacun ses sensations, ses émotions et leurs interprétations.

Le message qu’il me semble intéressant de creuser est la possibilité de revenir au corps pour suivre son cœur…

 

Le cheminement

 

Peut-être que nous nous sommes déconnectés d’une certaine sagesse ancestrale de notre corps…

Avec un monde moderne où tous nos sens sont sur-stimulés, où des sirènes aux voix les plus mélodieuses, mais artificiellement travaillées, font que parfois nos voix intérieures sonnent moins élaborées, moins sucrées, moins artistiques,…  que celles du marketing et celles tonitruantes d’un monde axé sur la communication comme conquête de l’autre : de son cerveau à son porte-feuille.

Mais pourtant, ces voix intérieures, même dissonantes et éraillées, sont tellement plus vraies et plus touchantes.


Dans ce conte, il est aussi expliqué ce qu’est “entrer en Tiyoweh”.

Tiyoweh, c’est le calme et l’immobilité en langue Seneca.

D’après les Plumes de l’Aigle : 

Entrer en Tiyoweh signifie entrer dans le silence et arrêter le monde afin d’écouter les messages toujours présents de notre nature profonde, de notre cœur, du monde des esprits, du Grand Mystère. Cette sagesse ancienne nous apprend qu’une personne qui entre en Tiyoweh peut entendre sa petite voix intérieure et accéder à sa Vérité. 

(Source : http://plumesdelaigle.net/entrer-en-tiyoweh)

Pour peut-être en revenir à l’importance d’apprendre à se connaître.

Dans nos pluralités. 

Dans nos êtres intérieurs. 

Le plus beau des chemins commence déjà en soi. Quand on se tourne vers l’intérieur, peu importe ce qui s’y trouve..

C’est peut-être cela le chemin de Beauté, dont il est question tout au long de cet enseignement.

Celui qui mène à Soi, à ce terme qui revient souvent, à la “Complétude”.

Et après tout d’ailleurs, peu importent la voie ou les voix.

Car, c’est aussi ce que propose le yoga, cette Union sacrée entre le corps et l’esprit.

J’ai aussi envie d’accorder la voix paternelle et la voix maternelle en moi. 

L’union du masculin sacré et du féminin sacré en soi.

L’union de la sororité entre ces Femmes intérieures.

Pour conclure par un dernier extrait du conte :

Il n’y avait aucune place pour la discorde dans la symphonie des sons qui se déversait à travers ses perceptions.

Son coeur, son corps, sa pensée et son esprit possédaient un nouveau sens d’”unité”. 

Chaque membre de la Tribu Humaine était un individu qui suivait le sentier vers l’ “unité” qui lui convenait, mais tous ceux de la Tribu Humaine auraient à découvrir l’écoute intérieure avant que ces chemins ne les mènent à cette “unité” à laquelle ils aspiraient.

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