Le sujet du temps qui s’écoule, les sillons qu’il creuse comme des rides sur un visage vieillissant, qu’il emporte tout sur son passage torrentiel ou qu’il coule comme un long fleuve tranquille… est un sujet qui me passionne autant qu’il m’intrigue.

Sa course se finirait-elle en un ruisseau qui se tarit naturellement dans une plaine sèche, aussi ténu qu’un filet de larmes, ou bien mènerait-elle à un océan vaste et infini ? 

J’ai longtemps perçu le temps comme une ligne : des frises qui se déroulent, des cases alignées sur un calendrier qui s’empilent… avec des échéances comme des traits à tirer et les moments importants comme des croix à tracer… Toujours des lignes bien droites, bien dessinées…

Puis, la Lune est venue. Avec ses phases, ses montées et ses descentes. Ses mouvements circulaires… 

Je me suis détachée de ce temps que je poursuivais pour aligner carrière, mariage, maison, enfants… pour (re)tourner dans la roue du temps.   

J’ai regardé plus souvent le ciel : 

Les années chiffrées sont devenues des saisons aux soleils changeants.

Les mois se sont changés en Lunes.

Et je me rends compte du bonheur et de la douceur de se laisser ainsi bercée par le rythme de la nature.

Un peu comme si on se laissait porter, en faisant confiance à la nature cyclique de l’univers. Pour nager sans lutter, avec fluidité, libéré de la pesanteur terrestre.

Le temps est devenu comme de l’eau. 

Non pas qui file, dévalant à toute allure du sommet de la montagne vers l’océan. Mais plutôt comme une étendue, calme et paisible.

Cette semaine, j’ai écouté des réflexions intéressantes sur, justement, la perception du temps et sa non-linéarité. Je viens aussi de finir d’enregistrer avec Isabelle Fontaine à propos de l’intuition et des synchronicités.

Alors, j’avais envie de vous partager ce que j’y ai appris et mes réflexions personnelles sur ce sujet.

A l’origine de cet article, était l’écoute d’un podcast avec Brian Scott, auteur du livre “The Reality Revolution”. Dans cet épisode, il était fait l’analogie entre le temps comme la surface d’un lac et les actions que nous pouvons avoir comme les ondes se propageant lorsque l’on lance un caillou dans ce lac. Et qui fait des ronds dans l’eau.  En cercles concentriques.  

Ainsi, dans ce lac temporel, les effets de toute action que nous entreprenons se dispersent dans tous les sens : en avant et en arrière, dans le futur et le passé.

Brian Scott parlaient alors des intuitions comme une vague du futur qui vient en arrière. Et, parfois aussi, nous ressentons aussi des vagues qui viennent en avant. 

Pourtant, nous sommes toujours à vivre le moment présent.

Mais en lame de fond, l’idée que nous avons des aperçus du passé et du futur.

Des ondes que nous ressentons et que nous pouvons aussi créer.

Avec un concept qui peut aussi donner le vertige : celui que nous pouvons affecter notre passé, tout comme nous avons prise sur notre futur.  

Et qui a bousculé ma façon d’appréhender la vie, avec cette approche très intéressante : celle de voir le temps comme un lac avec ses effets d’ondulation.

Le temps non plus linéaire, mais pleinement vibratoire.

Appréhender son passé sous un angle différent

Vous vous souvenez peut-être du brillant film “L’effet papillon”.

Dans l’intrigue, le personnage principal, Evan, comprend qu’en plus de pouvoir revivre ses souvenirs, il a la capacité de revenir dans le passé et de modifier ainsi les événements, revenant au moment de ses « sauts » de mémoire… en influant ainsi grandement sur son futur… et pas forcément en positif.

Cette idée d’influence de notre vision actuelle sur ce que nous avons vécu peut secouer notre embarcation…

Avec cette vision, il fait sens de prier pour son passé. Afin qu’il laisse une trace différente sur le présent. 

D’ailleurs, Neville Goddard, auteur du pouvoir de la conscience, était convaincu du bien fondé de cette pratique. C’est ce qu’il a appelé “la Révision”.

Ce que nous vivons actuellement est l’expérience d’une réalité résultante de toutes les choses de notre passé dans notre esprit. Mais bien d’autres réalités existent et il est possible de passer à une autre ligne de temps, similaire en vibration, comme si quelque chose d’autre s’était produit, avec tous les souvenirs de cette même expérience.

Par exemple, Neville Goddard raconte l’histoire d’une femme dont la vue s’est gravement abîmée sa vue dans un accident de voiture. Elle s’est imaginée revenir en arrière en pensant ne pas avoir eu d’accident, en ayant réussi à contourner l’obstacle. Peu à peu, sa vision s’est améliorée. Goddard expliquait cela qu’elle s’est mit à vivre dans une réalité différente, jusqu’à atteindre un point où, dans cette nouvelle réalité, sa vision est de retour à la normale, même si elle a eu cet accident. 

Cela peut être quelque chose à tester, peut-être d’abord sur des faits minimes : un exemple concret qui était donné : vous venez de vous disputez avec quelqu’un, quelque chose qui vous a vraiment agacé… Avant de vous coucher, prenez un moment pour imaginer la suite de votre journée qui se serait déroulée sans cette dispute. Le lendemain, vous réveillerez le cœur plus léger. Le passé n’a pas changé, vous avez bel et bien eu cette dispute, mais vous avez reprogrammé votre inconscient pour aborder les choses de façon différente, avec une plus grande ouverture.

C’est une façon de recadrer son passé, de revenir en arrière pour voir les choses sous un angle différent. 

Voici la façon de pratiquer cette technique décrite par Neville Goddard dans une conférence de 1954  The Pruning Shears of Revision.

  1. Passez en revue un événement qui ne s’est pas déroulé comme vous le souhaitiez. Ne le jugez pas, revoyez-le simplement.
  2. Dans votre imagination, réécrivez et révisez l’événement de la manière dont vous auriez souhaité qu’il se déroule.
  3. Placez-vous dans un état modifié de conscience, en hypnose, en méditation ou simplement en vous détendant profondément.
  4. Revivez l’événement révisé dans votre imagination, encore et encore, jusqu’à ce que l’état imagé commence à prendre les tons de la réalité. C’est-à-dire jusqu’à ce que vous ayez l’impression que tout s’est passé comme vous l’auriez souhaité.

Soit vous vous endormez en répétant la scène, soit vous vous réveillez de cet état de somnolence une fois que vous savez que c’est fait.

Chaque soir, Neville conseillait de réviser notre journée de la manière dont nous aurions souhaité qu’elle se déroule, puis de la revivre dans notre imagination conformément à nos désirs jusqu’à ce qu’elle nous semble réelle.

 

Accueillir les vagues du futur

 

Et si les ondes du passé peuvent nous affecter, cela vaut également avec celles du futur : 

Adrian Dobbs, mathématicien et physicien à Cambridge dans les années 60, appréhendait lui aussi le temps comme une masse d’eau. 

Tout comme si quelqu’un mettait un petit bateau sur l’eau, qu’il flottait jusqu’à nous ou que nous ressentions ces ondulations nous parvenir, nous pressentons que quelque chose va se produire. Il est possible de s’accorder à ces vagues d’eau qui viennent du futur et de manoeuvrer habilement dans cette masse d’eau.  

Sans même y penser, c’est ce que nous faisons, car c’est ce champ d’énergie qui se manifeste tout autour de nous en permanence. Comme l’eau, il se déplace de manière fluide. Il y a des vagues d’énergie qui arrivent, des vagues d’énergie qui s’en vont. 

Et puis, nous bougeons, nous voguons, nous dansons… dans ce tissu quantique, comme sur un lac.

Suivre son intuition, écouter son coeur, se fier à son instinct… ce serait cela : naviguer sur ce tissu quantique. 

Avec en arrière-plan, cette idée que nous avons tous la possibilité de capter ces visions du futur. 

Quelque chose d’amusant… et surprenant : il y a moins de personnes qui sont montées à bord d’un train ou d’un avion ayant eu un accident. Statistiquement, c’est un chiffre significatif.

On a entendu ces histoires de personnes ayant entendu une petite voix qui leur a soufflé de ne pas monter dans un taxi.Quelques minutes après, ce même taxi avait un accident au coin de la rue…  

Comme si une petite voix leur avait suggéré de ne pas monter dans tel appareil, de reporter son voyage ou de changer de mode de transport…

Comme si le temps du futur avait déjà eu lieu quelque part à un endroit du lac. Et que de leur bateau sur le présent, ces passagers avaient pressenti les ondes de tempête se préparant dans la direction d’un monde où il seraient montés dans ce véhicule.

Cette perspective est réjouissante : elle nous donne la possibilité de nous mettre au gouvernail de ce bateau et de naviguer 

Comme si des petites bulles d’aperçu de tous les futurs possibles nous parvenaient . 

Alors grimpons sur la vigie de notre bateau et respirons les embruns de cet air réellement nouveau.

 

Des multivers de possibilités

Dans le livre “The Reality Revolution”, Bryan Scott nous invite à nous imaginer que nous sommes sur une autoroute. Mais ce n’est pas la seule voie qui existe. Des tas d’autoroutes sont disponibles et circulent parallèlement à la route que nous suivons.

Un peu comme la Spaghetti Junction à Birmingham.

Nous pouvons très bien rester sur notre voie rapide, toute notre vie, sans regarder sur les côtés, sans avoir conscience de ces milliers de chemins possibles menant à des destinations bien différentes.

Mais nous pouvons aussi ne pas forcément garder le nez dans le volant et nous autoriser quelques coups d’œil à droite et à gauche, élargir notre horizon et s’apercevoir qu’il existe des sorties sur notre autoroute… Certaines mènent à d’autres autoroutes, d’autres à des nationales, qui entre les champs , d’autres à des chemins de campagne où on troque sa voiture pour son vélo, … ou pourquoi pas des hyperloop qui nous amèneraient en un clin d’oeil là où nous aurions envie d’aller.

Une métaphore que j’aime – sans doute parce qu’elle sent un peu moins les odeurs d’asphalte – est celle de l’Univers comme d’un immense théâtre.

Nous sommes sur une scène de théâtre. Les acteurs jouent leur rôle. Parfait et bien rôdé. Tout est bien cadencé et oeuvre en harmonie.  

Mais, sur cette scène, se trouvent des trappes cachées. Elles permettent d’accéder à d’autres scènes, sur lesquelles se jouent d’autres pièces.

D’autres intrigues pour d’autres personnages dans d’autres actes. Alors, on peut choisir de changer de scène. Passer par une trappe cachée et se retrouver sur la scène du dessous. Peut-être toujours un même style d’estrade, d’épais rideaux de velours pour encadrer le plateau, des acteurs en costumes… mais une toute autre histoire, un tout autre jeu, d’amour et de hasards. Dans lequel on se retrouve à jouer comme pour de vrai.

Et plus haut, au même moment, Arlequin retrouve sa Colombine.

Toutes ces pièces dans ce théâtre infini se jouent simultanément. A nous de nous faufiler de trappe en trappe pour choisir celles qui nous plaisent. 

Nous rejoignons là le concept du “Transurfing”. Ce terme fut inventé par Vadim Zeland, un physicien quantique russe, pour décrire les façons de créer sa vie consciemment, comme dans un rêve lucide que l’on dirige.

Il est basé sur l’un des préceptes fondamentaux de la physique quantique, à savoir, que la réalité est influencée par la manière dont elle est observée.

 

Une application au quotidien

 

Si tout cela vous donne un peu le tournis : que l’on se perde sur les multitudes d’autoroutes, que l’on vogue sur une étendue d’eau temporelle ou que l’on assiste à des dizaines de pièces de théâtre… je vous rassure : c’est aussi le cas pour moi !

Ce sont des concepts que j’ai du mal encore à saisir pleinement. A en comprendre les tenants et les aboutissants.

Par contre, cela m’apporte une perspective enthousiasmante sur ma prise sur le temps, sur le pouvoir d’être au contrôle de sa vie et d’en changer le cours.

Avec un pressentiment qu’il y a là quelque chose d’important. Même si c’est encore difficilement palpable.

Cela m’a tout de même amené à jouer avec ces concepts, en inspirant ma pratique méditative et mes pensées…  

En prenant un temps pour agir sur le passé, le présent et le futur..

 


Tout d’abord, avec le passé…

Je trouve la méthode de “révision” de Neville Goddard, une formidable technique pour  se débarrasser de ses conditionnements du passé…

C’est une façon de recadrer les choses, pour regarder les choses sous un autre angle : rejouer des scénarios inconfortables du passé, réconforter son enfant intérieur ou reprogrammer un subconscient qui tourne en boucle…

Ensuite, pour imaginer un futur rêvé…

Cette façon d’envisager la possibilité d’un futur illimité, où tout serait possible. Pourvu que l’on porte son attention et son énergie vers là où on veut aller. En changeant de scène ou d’autoroute.

Enfin, pour envisager la vie, au présent, différemment

Dans une récente newsletter de The Daily Stoic, il est noté l’importance de la perspective que l’on pose sur les choses. Avec cette belle entrée en matière : 

Votre maison est-elle sale ou simplement une maison pleine de vie ? Êtes-vous en train de lutter ou de devenir plus fort grâce aux difficultés éprouvées ? Êtes-vous pauvre ou libéré de votre fardeau ? Êtes-vous riche ou temporairement béni ?

La façon dont nous choisissons de nous décrire et de décrire nos situations détermine une grande partie de celles-ci. Le langage que nous utilisons nous donne du pouvoir ou nous en prive, nous juge ou nous donne de l’espoir. 

Pour terminer par la citation de Shakespeare : Rien n’est bon ou mauvais, mais c’est la pensée qui le fait. 

Alors, sur ce lac temporel,  prenons le gouvernail de notre embarcation, montons à la vigie, captons ces ondes des moments passés et à venir, et choisissons notre cap.

Je voulais finir cet article par un bout du magnifique poème de Lamartine, le Lac, bien sûr. Mais, non pas par ses rimes les plus célèbres, car justement, je trouve qu’ils sont empreints de cet aspect linéaire et filaire d’un temps qui s’échappe, mais par les dernières strophes : 

 

Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,

Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,

Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages

Qui pendent sur tes eaux.

 

Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,

Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,

Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface

De ses molles clartés.

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